Les jours étaient passés, les semaines s'étaient enchaînées, la créature était restée à distance, se refusant de revoir le Duval après leur dernier échange. Une colère sourde sommeillait en elle sans qu'elle ne puisse s'en défaire. Les mots prononcés ce soit là faisait douloureusement écho en elle, le doute qu'elle avait perçu dans les propos de l'homme creusant sournoisement le fossé qui les séparait désormais. Quant à cette proximité furtive qu'ils avaient partagés le temps d'un battement de cil, elle l'avait occulté, pas par honte, mais parce qu'elle avait découvert des sentiments qu'elle s'était interdit de ressentir. L'Ortega avait balayé ses contrariété pour se concentrer pleinement sur son deuxième bouquin. C'est d'ailleurs ce qui l'avait traîné chez les Duval ce jour là. Installée dans le petit salon des invités, elle attendait que l'homme daigne la rejoindre. Elle avait espérer ne pas avoir à le croiser et remettre les documents à Callipso, prétextant un rendez-vous avec son fiancé pour ne pas rester plus longtemps... Malheureusement son amie était sortie, l'obligeant ainsi à revoir l'abominable. Son regard s'accrochait au vide, sans arriver à se fixer sur le moindre détail, l'esprit voguant vers le lointain pour ne pas avoir à penser à leur retrouvailles. Ses jambes étaient croisée, ses mains posées sur les accoudoir, le dos droit, le port altier. La bourgeoise n'était peut-être pas noble, mais elle en avait la stature, même malgré la jupe haute et vaporeuse relativement simple et son chemisier de soie un peu dépassée. Sa chevelure brune avait été tressée simplement, lui dégageait le visage en une coiffure sophistiquée. Les trois premiers chapitres manuscrits étaient posés dans un dossier devant elle, sur une table basse. Elle attendait, sagement, patiemment. Elle se préparait, s'attendant indéniablement à des remontrances pour un silence qu'il jugerait sans doute inopportun. Elle ne savait pourquoi son avis avait tant d'importance pour elle... certes, il l'avait aidée à se forger, mais il n'avait réussi que parce que c'était déjà en elle. Elle ne lui devait rien, strictement rien. Elle essayait de s'en convaincre la furieuse, pour se défaire de son influence.

Il est perdu dans la réécriture de son dernier article sur les passages à l'acte hétéro-agressifs chez les adolescents qu'il pourra bientôt envoyer au journal des psychologues. Sa plume rature un mot, corrige un autre, reformule une phrase qui n'en avait pas besoin, et reprend la lecture depuis le début. Helios n'est rien si ce n'est un perfectionniste et cette obsession le pousse parfois à perdre du temps, mais il ne s'en soucie guère, aujourd'hui encore moins qu'hier alors que le psychiatre s'enfonce dans son travail, se noie dans ses écrits et ses rendez-vous et ses lectures aussi. Dix jours ….

On toque à la porte de son bureau, "Entrez". Henri, le majordome apparaît derrière la porte entrebâillée, un sourire affable sur ses lèvres fines alors qu'il répond à la question muette de son employeur "Madame Ortega" Hochement de tête, "Merci Henri, installez la dans la salle d'attente, je viendrais la chercher quand j'aurais terminé." Et il ne cligne pas des yeux, et son myocarde ne rate aucun battement, pas plus qu'il ne s'affole. Helios retourne à sa lecture, prend son temps, se compose un masque pareil à la page la plus blanche et immaculée possible. Il élude les élans qui le poussent à la faire entrer rapidement, à retrouver son sourire, son regard et ces petits détails qui lui manquent depuis cette fameuse et tragique soirée. Cette rencontre avortée dont le souvenir tourne encore dans sa tête,il revoit encore et toujours les jambes et les pieds nus, les pupilles sombres et emplies de promesses sensuelles, les mots échangés suaves d'abord, enragés par la suite. Et cette porte qui claque et son cœur qui se verrouille. Helios inspire et expire lentement, avec une maîtrise qui lui échappe. Non. Il ne se laissera pas tenter. Non. Rien n'a changé.

Après de longues minutes, il se lève enfin, range son article dans un dossier et se dirige vers la porte qu'il ouvre en grand. Rien sur son visage pour trahir ses sombres pensées qui s'apparentaient à des regrets, rien dans sa posture pour dévoiler la légère incertitude du psychiatre quand ses yeux se posent sur le jupon de voile, puis remontent jusqu'au visage. Ce visage qui le hante. Ce visage qui l'obsède. "Livia. Que me vaut l'honneur de ta visite ?" Are you done sulking? Suggère le ton professoral et taquin aussi froid que faussement désinvolte. Il ne cédera rien dans ce combat qu'ils mènent tous deux depuis les fiançailles, un changement au plus profond de leur dynamique et qui les entraînent dans une joute surprenante qu'Helios n'est pas certain de bien cerner. Le comble pour un psychiatre...

Il daigne enfin la gratifiant de sa présence. Ombre silencieuse qui pénètre dans la pièce, emplissant les lieux d'une aura puissante, presque enivrante, attirée par le pouvoir qui se dégage de l'homme. La maudite chasse les pensées qui s'insinue sournoisement, elle résiste aux images gravés sur sa rétine, tente de s'accrocher aux quelques chapitres qu'elle est venue lui présenter... Mais le monstre enragé se réveille déjà, grondant dans les profondeurs de ses entrailles, s'infiltrant dans ses veines pour pourrir chaque parcelle de son corps. « Livia. Que me vaut l'honneur de ta visite ? » Les iris ambrées de l'inhumaine vrille sur le Duval. La colère gronde, assourdissante, sans qu'elle ne parvienne réellement à la domptée. Lui seule est capable de la mettre dans un état tel que ses émotions ne peuvent être complètement muselée, perte de contrôle insupportable pour celle qui a une parfaite maîtrise de son être. « Mh... Bonjour, peut-être? A moins que l'on ne s'encombre plus de politesse entre nous? » Grinçante, elle s'en veut de tomber dans le pièce grossier qu'il lui tend. Et pourtant, elle s'agace, se froisse, n'a qu'une seule envie, foutre le camp pour ne plus jamais avoir à croiser la route de l'abominable. Elle doit se faire violence pour demeurer dans la même pièce que les maudits, ses ongles s'accrochant férocement aux accoudoirs du fauteuil contre lequel elle demeure. Elle laisse finalement échapper un soupire, venant se positionner sur le bord de son siège pour se pencher vers la table basse. Elle pousse du bout des doigts les dossiers abandonnés plus tôt, les dirigeant vers le professeur de conscience. « J'ai finis quelques chapitre pour mon livre, je pensais que cela pourrait t’intéresser... Mais ce n'est peut-être plus le cas? » Elle laisse les mots en suspens, chargé de sous entendu, sans pour autant prendre le risque de les prononcer. Elle garde la distance, revient trouver sa position initiale, croisant ses mains contre ses genoux, ses jambes croisées. Royale.

S'il ne se contrôlait pas mieux, le Duval lèverait les yeux au ciel face à la réponse acerbe de la jeune nymphe. À la place, il lui sourit à peine, sa bouche est un trait tiré au crayon sur les courbes de son visage. Elle se fait aussi grinçante que cinglante, il la sent aussi tendue qu'il est désinvolte (faussement) et cette légère victoire est accueillie avec soulagement. Si elle réagit c'est que rien n'est rompu et le psychiatre ne voit pas pourquoi il devrait être le seul à souffrir, à se torturer en soupirs et en tremblements fiévreux. Ses yeux suivent de loin les papiers qu'elle pousse du bout de ses doigts, cette distance qu'il a cherché le ronge aujourd'hui, mais il ne fait pas mine de vouloir la rompre. « J'ai finis quelques chapitre pour mon livre, je pensais que cela pourrait t’intéresser... Mais ce n'est peut-être plus le cas? » elle se meut légèrement la sirène, insouciante de ce parfum qui revient assaillir les narines du torturé. La voix s'enraille et se casse avant même qu'il ne prononce des mots qu'il regretterait. Leave, don't leave. Il ne sait même plus quel ordre donner. Il ne sait plus à quel démon s'abandonner, les remords ou les regrets. La tentation damnée ou la souffrance exultée. Alors, avec précaution, il s'avance et récupère les dossiers sans lâcher du regard le visage fermé de la nymphe. Il attrape les feuilles d'une main, ses doigts caressant la calligraphie, imagine les doigts de Livia glissant sur ce papier, imagine ces mêmes doigts traçant des sentiers et des vallées sur sa peau. Puis, il se retourne et sans un regard en arrière l'invite à entrer dans l'antre du démon. « Ne dis pas de sottises, entre je t'en prie. » Helios prend place sur un des fauteuils, croise ses jambes, et se plonge dans la lecture. Se raccroche au réel pour ne pas sombrer dans ses fantasmes. 


Un silence s'installe, lourd de sens, tandis que le mentor lit avec attention les phrases couchées sur le papier. « Tu as beaucoup écrit. » il commente d'abord. N'aborde jamais la soirée de fiançailles, question de survie. Enfin, ses yeux bleus se relèvent vers le visage de Livia, et il oublie les commentaires annotés dans un coin de son esprit. Il oublierait jusqu'à son prénom dans les ambres limpides et furibondes de la jeune femme. Le jasmin l'emporte et Helios se sent acculé dans cette pièce qui est la sienne. He needs to concentrate. He doesn't remember how.

« Ne dis pas de sottises, entre je t'en prie. » Quelques mots. Quelques vulgaires petits mots pour souffler sur ce fameau soir, souffler sur tout ce qui a été dis, sur tout ce qui aurait pu exister. Quelques mots. Quelques vulgaires petits mots et la voilà redevenue la pupille, la protégée, môme prometteuse dont il guide les pas pour accéder à la grandeur. Ni plus, ni moins. Ça lui fait mal. Ça lui crève le cœur. Une impulsion de ses mains contre les accoudoir et elle se redresse, suivant le monstrueux dans son bureau. Elle ne dit rien, non, car elle est bien trop occupée à prétendre quelle n'a pas le cœur en miette, elle fait semblant, enfile ce précieux masque d'apparence et ravale toutes ces maudites émotions qu'elle n'avait pas été capable de muselée. Elle le laisse à sa lecture, sans une once d'appréhension sur ce qu'il pourrait penser de son travail, non, car la créature est obsédée par tout autre chose. Monstruosité d'un cœur qui avait toujours été à l'abri de ces mièvrerie ridicules, cœur de pierre qui s'était tant de fois moqué de ses cœurs fébriles lorsqu'elle pouvait tout obtenir d'un battement de cil. Mais aujourd'hui, ce n'était plus ce qu'elle voulait, ce qu'elle désirait, son corps et son âme n'était rien en comparaison du cœur insaisissable du Duval. Une sensation nauséabonde lui soulève l'estomac alors qu'être en sa présence l'empêche de penser librement. Elle inspire et expire profondément, tenant les laisse d'un pouvoir qui ne demande qu'à dégueuler d'elle pour se l'accaparer. « Tu as beaucoup écrit. » Il l’arrache à ses fantasme, la propulsant dans une réalité où elle doit continuer de feindre l’indifférence. Elle inspire profondément, laissant la froideur de son regard vers embraser celui du médecin. Ses doigts pianotent l'accoudoir, alors que son regard se détourne après s'être brièvement abandonnée à la contemplation de tes lèvres. « J'ai eu énormément de temps et de pensées à chasser... » Les mots sont en suspens, alors que le regard vient à nouveau se heurter au glacier qui lui fait face. Elle laisse quelques secondes s'égrainer dans le sablier du temps... Quelques secondes seulement. « Tu sais que si j'avais réellement voulu t'embrasser ce soir là, tu serais déjà à moi? » Et en quelques mots seulement, elle envoie valser toute cette mascarade grotesque qui se jouait entre eux depuis qu'il était entrer dans la pièce. Pourtant, elle reste calme, impassible, elle ne scille pas, comme si elle parlait de la pluie et du beau temps, sans que cela puisse avoir la moindre conséquence sur eux.

Bien trop tard Helios réalise ses erreurs, la première a été de s'enfermer dans ce bureau avec la jeune femme qui ne quitte plus ses pensées perverses, la seconde de songer un seul instant qu'un certain accord implicite était entendu entre les deux et qu'à aucun moment la dernière soirée ne serait évoquée. Et enfin, la plus désastreuse des trois celle de l'avoir sous-estimée, elle et sa volonté, elle et sa perfidie, elle et son pouvoir, elle tout court.


 « Tu sais que si j'avais réellement voulu t'embrasser ce soir là, tu serais déjà à moi? »


La phrase s'étend à l'infini entre les deux êtres. Il n'entend plus que cette voix décidée, ces mots décisifs. Il veut grogner de frustration, de désir. Il veut abdiquer alors que le jeu n'a pas commencé, à moins que cela ne soit que la continuation de cette partie dans laquelle ils se sont engagés il y a dix jours de cela. Mais voilà, Helios ne joue plus, pas quand il y a trop à perdre, pas quand il n'est plus certain de gagner, pas quand elle le regarde ainsi. Il fronce les sourcils, repose les papiers, déplie ses jambes et pose ses coudes sur ses genoux. Cette nouvelle posture indique la gravité de la conversation. Le tourbillon de ses iris et les ridules entre les deux yeux, seul aveu de son trouble. Puis, d'une voix chirurgicale et automatique comme on expliquerait pourquoi le ciel est bleu à un enfant, il prononce sa réponse. « Bien sûr, tu es une nymphe. » dirty liar, mean mean old guy. Le mensonge laisse une odeur de brûlé dans sa bouche asséchée. La vérité, l'horrible vérité c'est que si Livia l'avait réellement désiré, si elle ne l'avait ne serait-ce que frôler du bout de ses lippes ou de la pointe de son doigt, il aurait cédé. En un battement de cil, en un grondement de cœur. Et il l'aurait faite sienne sur le meuble de bois dans un bruissement de jupon que l'on remonte, dans l'étourdissement de sa folie fiévreuse. Mais elle n'est pas rien Livia, and the idea of ravaging her like any other is not something that appeal him, for a reason he's trying to ignore, to smother. « Ce n'était rien Livia. On s'est laissé emporter par le goût de, cette petite victoire. Et comme tu n'avais pas réellement voulu m'embrasser, rien ne sert de revenir dessus. » Sans la moindre honte, le psychiatre utilise les mots de la nymphe contre elle. Sans la moindre gêne, il détruit les craquellements de son coeur, ce traître qui jamais n'avait battu aussi rapidement jusqu'alors et qui aujourd'hui résonne contre ses tempes à tel point qu'il s'en retrouve tout étourdi.

« Bien sûr, tu es une nymphe. » L'éclat de sa voix vient se heurter à ce cœur déjà brisé par l'écho de peur inavouée. Elle crève de trouille, la maudite, de n'être aimée que pour ce don, ce pouvoir sournois, cette partie d'elle qu'elle ne peut reniée, cette beauté dangereuse et sournoise. Elle n'a jamais voulu être réduite à la nymphe et pourtant, il l'a fait, la repoussant dans une case vulgaire, comme si elle n'était rien de plus que l'ombre d'un pouvoir, qu'une jolie fille n'ayant gagné sa place qu'à l'aide d'artifices. Pourtant, elle n'abandonne pas. Elle n'abandonne jamais. Livia est façonnée dans un feu ardent qui ne peut être éteint aussi facilement. Il ne fait qu'attendre, danse langoureuse des flammes dans le regard acéré de la belle, en attente de tout consumer sur son passage. Il reproduit cette position grotesque, se donne un air grave, mais il ne fait que la renvoyer à cette furieuse nuit qui la hante depuis des jours et des nuits. « Ce n'était rien Livia. On s'est laissé emporter par le goût de, cette petite victoire. Et comme tu n'avais pas réellement voulu m'embrasser, rien ne sert de revenir dessus. » Le rire franchit le seuil de ses lèvres, un rire détestable, aux saveurs curieuses, presque insupportable. Ses yeux s'accrochent aux orbes de glaces. « TU t'es laissé emporté, peut-être. » Qu'elle murmure, souffle doucereux et caressant qui s'extirpe de ses lèvres. Elle articule, donnant à chaque sonorité son importance. Un mouvement et la divine créature pour imiter la position de celui qu'elle avait toujours considéré comme son mentor. « Moi, j'ai toujours le contrôle, mais si tu veux me réduire à une simple Nymphe, je peux n'être qu'une simple nymphe. » Le pouvoir exhorte de son corps, dégouline d'elle pour ensevelir les lieux, le réduire à l'esclavage et imprégner son âme une fraction de seconde, une seule fraction de seconde, car elle abandonne aussitôt, recouvrant par la même occasion sa position initiale dans le fauteuil. Grandiose et théâtrale, ses jambes se croisent et ses mains viennent se déposer contre les accoudoir avec une lenteur exagérée. « Mais ce n'est pas la Nymphe qui te veut, c'est moi. »

Ses paroles acerbes ont l'effet escompté. Toutefois quand le stratège reçoit la réaction de l'enfant, les mots appuyés, le rejet dans ce regard qui ne saurait lui mentir. Ses tripes se tordent, son coeur s'abime. Et il veut lui répondre. Lui avouer. Lui confesser, il ne sait. 


Soudain, tout disparaît. 


Une seconde. L'encre charbonneuse s'étend et engloutit l'aigue-marine de son regard.
Deux secondes. Les mains s'enfoncent dans les accoudoirs du fauteuil, les muscles se tendent.
Trois secondes, il se lève et renverse le fauteuil, le souffle chaud et humide glisse à la commissure de ses lippes.
Quatre secondes. Jasmin.
Cinq secondes. Livia.


Soudain, le nuage d'embruns sensuels s'évapore, aussi vite qu'il est apparu dans la psyché du psychiatre. "how could you. That is low even for you.
Il cligne des yeux à une vitesse folle, l'esprit encore étourdi, le désir bien évident jusque dans le creux de ses reins.
Subsiste les images de Livia qui avait pris possession de son univers. Subsiste la tension de son corps qui était prêt à bondir. Surgit la colère qui assourdit les sons et dissimule au Duval la confession de la nymphe.


Sans un geste et sans une pensée non plus, l'ambre éclate depuis l'azur de son regard jusque dans la noisette de la sirène. U'e vague se déferle jusqu'à elle, utilisation instictive du pouvoir. La peur, encore. You should be afraid. Afraid of the monster. Terrified by me. Un souffle glacial qu'il tisse dans l'air en réponse primale à la jeune femme. She should be scared of his darkness and the sin that shimmers in the dead of the night.


Le soleil aveuglé par la lune, il perd ses moyens et son pouvoir répond à la dryade en un éclair plus qu'évocateur. De quoi la faire trembler, de quoi la faire fuir. De quoi les sauver.


Et les damner tout en même temps.

Le cœur de la créature s'emballe furieusement, une décharge d'adrénaline qui se distille dans son sang. Les doigts de la brune se crispent contre l'accoudoir, ses ongles laissant probablement des demi lunes dans le cuir du fauteuil. Le souffle est court, la respiration haletante, elle inspire et expire, tentant de garder une contenance, mais il s'insinue en elle, il détruit tout. Le malaise s'insinue sournoisement en elle, lui imposant des images mentales qui lui sont insupportables. Le voile de chaire vient recouvrir ses orbes dorées, essayant de se reconnecté, de lui échapper, sans pour autant y parvenir. Une vague de chaleur, puis le froid glacé de l'ancien qui vient faire naître des frissons, alors que la sueur perle sur son front. Les larmes brûlent sous ses paupières, trahissant le trouble qui s'empare d'elle sans qu'elle ne puisse rien y faire. Sensation artificielle, qui paraît pourtant bien trop réelle. Son corps la trahi réagit, et elle, elle crève de peur sans qu'elle ne puisse s'y soustraire. Ses yeux s'ouvrent, se braquent sur l'instigateur de cette abominable attaque. Elle ouvre la bouche et la referme aussitôt, alors que ses mains viennent se crisper contre ses tempes pour  alors que son corps bascule vers l'avant. « Let the mother be my witness » Qu'elle murmure dans un souffle, le corps et âme emporté par des tourments auquel elle échappe depuis trop longtemps. Livia avait dompter ses propres démons, pour que la peur ne puisse plus l'empêcher d'avancer, qu'elle ne soit pas pétrifiée par la crainte de tomber, mais il la ramenait à cette pauvre gamine inexpérimentée, qui tremblait de peur à l'idée d'échouée. « You're such a jerk. Between us, you're the one who's scared.  » Elle articule chaque syllabe, prend le temps pour prononcer chaque mots, alors que son cœur cogne douloureusement contre sa poitrine. Elle crève de douleur, la peur la pétrifie, elle n'arrive même pas à trouver la force de se lever pour le quitter... définitivement.

Quel tragique tableau ils forment tous les deux dans l'espace clos, lui la bête enfiévrée encore des effluves fleuries, et elle les yeux exorbités dans une bataille perdue entre des émotions conflictuelles. La peur, la colère, et le désir. Tout s'entremêle dans la danse de leurs deux respirations saccadées. Une brutale ode à la vie et à la mort. Un requiem pour le déni. Helios la désire ; aujourd'hui tout comme hier et demain aussi. Il la veut dans ses bras, sous ses draps, dans son lit, dans son vice. Toutefois, le pouvoir s'est estompé de chaque côté et la colère de s'être fait manipulé, même pour cinq secondes tentatrices surpassent toutes les envies interdites de l'addict. Ses poings se ferment jusqu'à blanchir ses doigts, ses muscles se tendent dans son cou, le sang qui était descendu jusqu'à son bas-ventre est remonté d'un seul coup sur son visage. Il veut gronder, il veut hurler, il perd pied.


He hates that, he hates her. He hates himself more. "What. You don't like the taste of your own medicine?" ses mots se font dures tandis que ses résolutions s'effitrent. Plus elle attaque, plus le psychiatre souhaite se défendre, s'éloigner, la tenir à distance pour ne pas l'écraser dans ses baisers moites et viciés. "Don't take your dream for reality. I. Am. Not. Scared. You should be though." Il voudrait ouvrir la porte et l'éjecter rapidement avant de franchir le pas, mais Helios ne se sent pas capable de bouger, pas alors que le feu ardent est évident sur sa peau, dans sa chair. La part rationnelle de l'homme, celle qui d'ordinaire garde le contrôle sur ses affres primaires, lui chuchote qu'elle ne sait pas ce qu'elle fait, qu'elle n'est pas au courant de son trouble, du penchant pour les soupirs extatiques, de l'entière vérité que compose son âme maudite. Mais le monstre est sorti de sa tanière et fait taire d'un grondement bruyant les voix de sa conscience.



Too bad. Too little. Too late. Il assêne le coup final, celui des mots d'analyste quand l'homme est à court d'air. "If you're here to tempt me, to prove a point or even to mend your ego, leave. I am not interested in your silly mind game, I am not interested at all." Alors pourquoi ce souffle rauque, pourquoi cette odeur qui l'étourdit même après son départ, pourquoi il n'est plus jamais satisfait même dans les bras des nombreuses autres femmes. Liar, liar.


C'est un combat qu'il mène avec sa propre personne. Contre lui-même et la victoire ne semble pas au menu. Ses actions contredisent ses paroles toutefois, alors qu'il ne fait pas mine de la faire partir, alors qu'il reste pantelant, le visage meurtri de celui qui se perd, qui est déjà perdu. Le regard dur de l'homme déchu.

Les effets se dissipent lentement. Elle bascule en avant, ses coudes venant se déposer contre ses genoux alors que ses mains viennent accueillir sa tête, ses doigts massant ses tempes douloureuses. Elle inspire et expire, profondément, elle reprend le contrôle, doucement, mais elle n'oublie pas, non. « What. You don't like the taste of your own medicine? » Elle roule des yeux alors que ses bras se relâchent, ses mains venant se nouer l'une contre l'autre. Ses iris dorées viennent brutalement se heurter au regard fou du psychologue. Elle le toise, lui, ses failles, plus visible que jamais et pourtant incompréhensible.  « Don't take your dream for reality. I. Am. Not. Scared. You should be though. » Un sourire qui vient éclore contre ses lèvres maquillées alors qu'elle secoue sa frimousse à la négative. Elle est épuisée, fatiguée, abîmée par l'intensité de ce qu'elle venait de vivre, mais elle n'a rien perdu de sa superbe la créature. D'une impulsion, elle bascule à nouveau vers l'arrière, venant se callé dans le fond de son siège, ses mains s'accrochant aux accoudoirs alors que ses jambes viennent se croiser. Ses mouvements coulent avec grâce, une élégance suave qui dégouline de son être, divine tentatrice sans user de son pouvoir, elle a été façonné pour attiré, pour plaire, c'est inscrit elle. « You know me, my dream isn't about you. » Qu'elle prononce avec défiance. « A fantasy. Perhaps. » Qu'elle susurre en haussant les épaules, dénigrant l'importance qu'il a pour elle. Magnifique menteuse, elle se dresse face à lui, se proège en le repoussant pour ne pas avoir à essuyer son rejet. « If you're here to tempt me, to prove a point or even to mend your ego, leave. I am not interested in your silly mind game, I am not interested at all. » Il la repoussait, encore et encore... Sans qu'elle n'en comprenne la raison. Nul ne lui avait résister à ce point jusqu'à ce jour... Sauf peut-être les hommes amoureux. Se pouvait-il qu'elle se soit tromper à ce point? Que son coeur ne soit pris par une autre? Peut-être même par sa femme. Elle s'était toujours figuré que leur alliance se contentait d'être jolie sur le papier, que leur complicité se suffisait et que l'amour qui les unissait n'était qu'une fable. « Why are you so serious ? » Qu'elle se contente de prononcer dans un souffle, son menton se secouant à la négative. Elle ne bouge pas, elle n'en a pas envie, non, car plus que jamais, elle crève d'envie de résoudre l'énigme qu'il représente, de le comprendre, lui et tout ce qu'il ne dit pas.