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i'm a human being underestimate me, that'll be fun
Anatoli Turgenev
i'm a human being
underestimate me, that'll be fun

Anatoli Turgenev
MESSAGES : 135
AVATAR : irons © bigbadwolf
MULTICOMPTES : nope.
the ghost in you (galatée) D79a8a9ab78eff79c0eac1101fee7858
FRANCS : 376
ÂGE : trente-deux ans, ses preuves sont faites.
STATUT CIVIL : un célibat qui ne saura trop durer, épée de damoclès qui le guette au bout du fil de l'aîné.
MÉTIER : intendant camp nord, un poste qu'il porte fièrement, un pouvoir qu'il exerce rigoureusement.
ALLÉGEANCE : l'ordre des chasseurs, héritage de sa famille dont le destin y est soudé, dont l'identité y est scellée.
POUVOIR : une force décuplée, une intuition aiguisée, toutes deux entraînées sans relâche.
LOCALISATION : camp nord ou la bastille, white paris.
DISPONIBILITÉ : open.

Feuille de personnage
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RELATIONSHIPS:
COMPETENCES:
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the ghost in you (galatée)
20.08.20 3:49


“and she don’t fade, the ghost in you”

Dure journée ponctuée de chasses interminables, le retour au camp sous les rayons d’un soleil tombant est accueilli par les sourires de ses hommes. Le travail est fait, l’effort donné, et certains chasseurs sont envoyés sans délai à l’infirmerie dans un empressement comateux; les autres méritent bien leur repos, les tapes qu’il s’offrent à l’un et l’autre dans le dos. Le repas les attend, une soirée de répit qu’ils passeront sûrement autour de quelques pichets. Ce sera sans Anatoli. Il n’est pas comme Ilya, au-dessus des moindres festivités, et s’il prend très au sérieux son rôle d’autorité inégalable au sein du camp nord, il n’est pas impossible de le surprendre parfois aux côtés des fêtards. Mais pas ce soir. S’échappant du flot affamé, Anatoli profite de la distraction dont l’odeur alléchante évoque les qualités et réveille les estomacs pour profiter du vide laissé dans le camp.
Les terrains d’entraînement, sans surprise, sont déserts. Les armes émoussées et les pantins de bois l’accueillent dans un silence solennel qui reconnaît la présence familière de l’intendant. Débarrassé de l’uniforme en quelques mouvements, en garde sur la terre battue, les préparatifs lui viennent machinalement. La lumière orangée projetée à l’horizontale par l’astre du jour découpe les ombres d’Anatoli et de ses adversaires fictifs, imaginés au détour d’une pirouette, au bout d’une lame d’épée. Le rythme de l’exercice lui revient rapidement, les muscles entraînés par les années, et même les décennies. Le poids est familier dans sa poigne, mais certains pas, improvisés dans une nouvelle tactique, prennent le corps par surprise. Pour autant, il ne se laisse pas débalancer, les mouvements précis, un fourmillement sur l’épiderme au fil des réussites de justesse. Alors que les membres se perdent dans la danse interminable, l’esprit se détache, libéré de pensées envahissantes.
Les reproches y sonnent pourtant, pour cette poursuite effrénée entamée au matin qui a duré de trop longues heures, pour cette opportunité ratée qu’Anatoli a vu trop tard, laissant échapper la cible une fois de trop. Certains enhanced, s’ils sont difficiles à repérer, ont au moins la décence d’être faciles à attraper; pouvoirs peu propices aux combats, sorciers victimes qui, vivant tapis dans l’ombre obsédés par leur survie, ne peuvent rêver d’égaler l’efficacité des membres de l’Ordre. Celui d’aujourd’hui était préparé, profitant d’une fraction de seconde trop longue pour se glisser hors de portée des griffes des chasseurs. Ses subalternes peuvent fêter une énième victoire qui satisfait leur plaisir du combat; mais sur les épaules d’Anatoli, le poids de ses propres réprobations pèse, chimère infime qui quémande l’attention. Pas de place pour l’erreur, aucune tolérance pour les moments cruciaux de faiblesse. Anatoli doit être irréprochable; l’intendant doit être imbattable, combattant poli et sans faille.

L’acharnement s’écoule dans ses gestes, dans son entraînement entêté. Les mouvements trahissent la violence qui l’anime, pour son propre instant de faiblesse, et pour ceux qui ne méritent pas d’en profiter. L’épée se joue de lui comme de sa cible, entité qui n’est que sienne, mais que le chasseur apprend à amadouer. L’erreur ne venait que d’Anatoli. Impardonnable, et jamais elle ne devra se reproduire. L’entraînement épuisant, qui tiraille dans ses muscles et dans son âme, seule solution pour atteindre la perfection qu’il ne fait jamais que frôler avant d’en chuter d’une erreur mesquine. Anatoli s’en veut; le corps, l’épée avaient été délaissés pour la complaisance qui l’accueillait dans le champ de tir, dans la familiarité paresseuse du pistolet aux balles précises. À trop favoriser une arme, la maîtrise des autres en pâtissait, et Anatoli se devait de le savoir—et de l’éviter.
Les coups et les pirouettes s’amoncèlent sans qu’il ne puisse les compter. Les derniers rayons du soleil, d’un rouge persistant, s’obstinent un dernier instant avant de disparaître, laissant derrière eux un ciel encore clair de ses lueurs et des ombres allongées qui poussent Anatoli hors de sa torpeur, hors de son manège. L’air est devenu frais, soufflant des envies de frissons qui plaquent les vêtements à la peau perlée de sueur. Il entend son souffle, précipité dans une maîtrise saccadée, avant d’en sentir la brûlure dans la gorge, jusque dans les poumons. Mais si ses sens reviennent avec lenteur, un à un, de la stupeur causée par la concentration, tunnel vision, l’intuition aiguisée prend de l’avance, chatouille l’esprit. Le regard d’Anatoli se braque, vif, sur une silhouette qui se découpe en retrait des ombres, une silhouette qui ne devrait pas y être. Il la reconnaît trop vite, dans un élan de dégoût—pour elle et ce qu’elle est? Ou pour lui-même, ces visions honteuses?—reconnaît son regard sombre qui brille même dans le contre-jour. Les muscles tendus et réactifs, l’épée toujours en main, il est tenté de l’en transpercer d’un geste, mais le souvenir cuisant de la première rencontre, et de son premier échec lamentable à la bataille, l’en retient. Dans un élan de lucidité désespéré, ses pensées s’affolent, tentatives minables de se dresser une barrière contre l’invasion adverse. Anatoli ne sait pas comment s’y prendre, sent les fibres les plus intimes se rebeller contre l’idée d’user d’une magie insidieuse pour pouvoir lui résister. Le manque de pratique le limite; il ne saurait dire si ses efforts portent fruits, ou si la vile apparition s’insinue à nouveau dans ses pensées.

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