Réification d’un discours inanité, abstraction hypothétique devenue réelle.

Un ciel cérulé et une fleur dans le cœur, c’est d’un air faraud que le prince avait quitté ses appartements ce matin dans l’espoir vif d’accomplir sa mission du jour. L’esprit vagabond et le cœur léger, le noble avait pour une fois passé une nuit paisible, loin de tous bisbilles internes. Ses nuits étaient devenues courtes et pleines de tourments. Ses traits devenaient marqués et son visage semblait fatigué. Ses yeux semblables à l’ébène d’un or noir ne paraissaient plus pétiller de la même intensité, de la même magie qui l’avait toujours caractérisé. Si le matin, son sourire ne s’envolait plus aussi haut que le vol des oiseaux, il n’était malgré tout pas rare qu’il continue de faire semblant. Parce qu’il était ainsi. Même si ses entrailles semblaient hurler à la mort, voulant que son hôte s’abaisse à une attitude ignivome, dantesque. Le prince ne pouvait faire subir ses humeurs et envies à son entourage. Ce n’était ni digne de son rang, ni digne de sa personne. Ses pensées ne cessaient pourtant jamais. Interrompant la moindre petite activité cognitive connexe. Trop de choses semblaient malmener son âme et le dévier de sa mission première. Et pourtant… Cette nuit-ci avait lénifié son corps et son esprit. Lui rendant l’or qu’il avait toujours cultiver de ses mains, faisant de lui de nouveau l’homme qu’il semblait avoir toujours été.

Paris était beau en ce magnifique jour d’été. Les badauds profitaient joyeusement de la tranquillité de la vie et de ce temps clément pour un été qui avait démarré de manière très peu orthodoxe. La monarchie avait été ébranlée et la vie de tous les parisiens n’avaient plus été la même après qu'on leur ait arraché leur reine adorée de manière aussi atroce et inhumaine. Le monde ne semblait pourtant pas s’être arrêté. Le temps n’avait pas ralenti et les circonvolutions du monde n’avaient pas peiné à continuer leur chemin. Ainsi que lui et le reste de sa famille. La monarchie devait survivre. Elle ne pouvait s’alourdir de conception humaine, d’émotions vaines et de pétrifications qui dilacèrent l’âme. Et il en était l’exemple parfait. D’un pas pressé, mais assuré, il longeait les bords de Seine. Il n’avait pas prévenu de son arrivé. Il était spontané le prince. L’âme sémillante et le cœur au bout des lèvres, il savait qu’il trouverait de quoi s’occuper autrement si la demoiselle qu’il comptait rencontrer aujourd’hui n’était pas disponible ou ne pouvait le recevoir. Il n’était pas de ceux qui s’offusquait de la moindre chose. Il appartenait à la noblesse, mais savait garder les pieds sur terre. Le monde ne tournait pas autour d’eux et le peuple avait aussi ses propres obligations, son propre agenda.

Il s’était arrêté quelques instants auprès de la magnifique dame de fer, imposante de sa prestance et de sa splendeur, il n’existait peu d’autres merveilles aussi féroce et guerrière que celle-ci. On ne pouvait que s’émerveiller devant le génie architectural d’une telle œuvre et les autres villes et domaines ne jalousaient la ville de Paris principalement que pour cette imposante habitante.

Le poing fermé et la frappe ferme. Il venait d’écraser ses phalanges contre l’armature en bois de la porte. Réajustant son ensemble pour paraître présentable, il attendait maintenant avec impatience que l’on vienne -il l’espérait- lui ouvrir la porte.


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